Respirer dans l’abîme

On a longtemps cru que l’océan était un puits sans fond. Des ténèbres habitées par des monstres fantasmagoriques ou mythologiques. C’est dans cet univers que les scientifiques situent le début de la vie.

Je pratique l’apnée depuis l’enfance. Tout a commencé comme un jeu, en voulant retenir ma respiration le plus longtemps possible. Chercher des coquillages, des oursins, aller de plus en plus profond.

À chaque plongée, on explore ses propres limites, ses frontières. On se frotte à ses peurs pour les conjurer. Plonger, c’est chercher un épanouissement dans cette contrainte qui vous pèse, ne plus respirer. On plonge pour se purifier, c’est une chute libre, dans les profondeurs de soi.

Pendant la période où nous avons été confinés, je n’ai pas pu retourner sur l’île. Plonger en mer ni rejoindre ces profondeurs.

Alors dans l’espace clos de ma chambre, j’ai retenu mon souffle de longues minutes. J’ai entamé un voyage immobile, j’ai divagué comme dirait certain.

Une dernière inspiration, je ferme les yeux et mon esprit va faire un tour. Un voyage mental commence.

Un film photographique de Jean Puibaraud
6min50 – 2021